Béatrice Lucchese. Photographies

« Pièces à conviction » 2001

Pièce n° 4 : la mandoline. Janine. © Béatrice Lucchese

Pièce n° 4 : la mandoline. Janine.
Son père jouait et elle chantait avec sa sœur.
Précisément elle dit : il nous accompagnait.
© Béatrice Lucchese

Seconde série photographique autour de la relation parents/enfants.

Cette fois, j’ai voulu que le modèle photographié soit plus impliqué dans le travail, j’ai voulu qu’on me raconte une histoire à chaque image.
J’ai décidé de poser une question :

Pouvez vous trouver un objet qui matérialise la relation que vous avez avec votre père ou votre mère, quelque chose qui joue, ou a joué un rôle important dans cette relation ?

Quand la réponse donnée par le modèle potentiel est suffisamment porteuse de sens, nous passons à l‘étape suivante.
Je vais réaliser les portraits chez le modèle.
Nous bavardons encore de l’objet, il faut formuler en peu de mots son histoire car j’en ferai la légende de l’image.
Souvent, nous nous apercevons que ce choix à une résonance plus profonde que le modèle ne l’imaginait.
Ainsi par exemple Muriel ; elle pense immédiatement à une copie de Corot peinte par son père.
Chez elle, nous discutons du tableau et du rapport qu’elle entretient avec son père. Nous cherchons la phrase qui pourra résumer l’ensemble, et toujours à la place de « copie », Muriel dit « faux ». Soudain elle énonce : « Mon père fait des faux »  et saisies, nous entendons « Mon père fait défaut ».

Pendant la séance, la consigne pour le modèle est de fixer l’objectif de l’appareil photographique et de garder un contact physique avec l’objet. L’exploration de l’environnement familier du modèle sert mon sujet, il peut arriver que nous bougions ou que nous escamotions certains éléments du décor. Je n’hésite pas non plus à opérer un changement dans la tenue vestimentaire du modèle, parfois, c’est lui-même qui me demande de l’aider à choisir ses vêtements pour la séance.

En fin de compte, j’ai le sentiment, qu’avec la complicité du modèle, je procède à une sorte de reconstitution … Truffaut disait d’Hitchcock, qu’il filmait les scènes d’amour comme des meurtres et les meurtres comme des scènes d’amour. J’aimerais que dans mes images on puisse voir, tour à tour, la victime, l’arme du crime, le coupable, le mobile, la pièce à conviction et aussi la preuve d’amour.

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